Le naufrage parisien partie 2

Inqualifiable. Deux ans après l’incroyable « remontada » subie face au Barça (4-0, 1-6), le PSG a de nouveau sombré. Au lendemain de l’élimination surprise du Real Madrid, triple tenant du titre, contre l’Ajax Amsterdam (1-4), Paris s’est écroulé à son tour, mercredi soir face à Manchester United (1-3), après avoir pourtant gagné 2-0 en Angleterre il y a trois semaines. 

Dans un match qu’il a dominé de la tête et des épaules, stérilement, le club parisien a payé cash les erreurs de Kehrer (2e) et Buffon (30e), bien exploitées par Romelu Lukaku. Un penalty, sévère accordé avec l’aide du VAR et transformé par Rashford (90e+4), a éliminé Paris pour la troisième année de suite aux portes des quarts de finale. Jamais une équipe qui l’avait emporté 0-2 à l’extérieur au match aller ne s’était fait éliminer au retour. Paris l’a fait. 

Malgré sa très grande maîtrise (jusqu’à 87% de possession de balle), le PSG a donc succombé à ses démons. Dès l’entame de match, Lukaku a intercepté une passe en retrait manquée de Thilo Kehrer, a dribblé Buffon et envoyé le ballon dans le le but vide (0-1, 2e). L’égalisation de Bernat (1-1, 12e) a un temps laissé croire que Paris avait retenu les leçons du passé. Pourtant, en face, même si MU n’a rien montré, cela n’a pas empêché Lukaku de s’offrir le doublé sur une nouvelle boulette, de Buffon cette fois-ci, après une frappe tendue de Rashford (1-2, 30e).

Au bord du gouffre, le PSG a tenté de réagir au retour des vestiaires. Angel Di Maria a d’abord vu son but refusé pour hors-jeu (56e). Dans les dernières minutes, Mbappé, méconnaissable sur la pelouse du Parc, s’est présenté face à De Gea mais a glissé alors qu’il essayait de le dribbler avant que Bernat ne tire sur le poteau (84e). Mais alors que Paris semblait se diriger doucement vers les quarts de finale pour la première fois depuis 2016, Kimpembe a commis l’irréparable dans le temps additionnel en déviant du bras une frappe anodine de Dalot (90e). Alerté par le VAR, Damir Skomina, l’arbitre de la rencontre, a accordé un penalty généreux aux Red Devils après deux minutes de flottement. Au bout du bout, Marcus Rashford s’est finalement chargé d’éteindre un PSG (1-3, 90+4e) qui n’avait plus que ses yeux pour pleurer. 

Le naufrage parisien

Le tableau d’affichage à la 96 min de jeu…

Il y a d’abord les faits : depuis l’arrivée des Qataris, le PSG n’est jamais parvenu à atteindre le dernier carré de la Ligue des champions. Et puis, il y a la manière, puisque «sortir par la grande porte» est toujours une petite victoire dans la défaite. Lors de la saison 2016-2017, Paris a fait exactement le contraire. Les joueurs de la capitale ont pourtant nourri beaucoup d’espoirs, après avoir infligé au Barça une gifle aussi logique qu’impressionnante (4-0) en huitième de finale aller. Une avance qui devait s’avérer suffisante pour aborder le déplacement en Catalogne avec sérénité. Mais en trois semaines, Paris est passé de l’extase au cauchemar.

Au match retour, Barcelone, organisé dans un 3-4-3 logiquement offensif, asphyxiait d’entrée les hommes d’Emery. Ces derniers craquaient dès la 3e minute : sur un centre de Rafinha, Marquinhos dégageait d’une chandelle, le cuir restait dans la surface parisienne, mais Kevin Trapp hésitait et Luis Suarez profitait de ce moment de flottement pour initier la désormais célèbre «remontada». Juste avant la mi-temps, Kurzawa, qui dégageait un ballon dans son propre camp, permettait à Luis Enrique et ses hommes de rattraper la moitié du chemin (40e, 2-0). Au retour des vestiaires, le PSG prenait un nouveau coup de massue sur la tête, avec un penalty transformé par Messi pour une faute de Meunier sur Neymar (50e, 3-0). Paris a ensuite cru se sortir définitivement du piège, quand Cavani expédiait une reprise de volée magistrale sous la barre de Ter Stegen (62e, 3-1). Di Maria pouvait tuer le suspense, seul face à Ter Stegen, mais l’Argentin, découpé par Mascherano, manquait sa tentative (85e).

Neymar, intenable tout le match, obtenait un coup franc sur la gauche de la surface parisienne et enroulait une frappe parfaite qui se logeait dans la lucarne de Trapp (88e, 4-1). Dans la foulée, Luis Suarez s’écroulait au contact de Marquinhos et provoquait un penalty, transformé avec sang-froid par Neymar (91e, 5-1). Plus qu’à un but de l’exploit, le Barça assiégeait Paris. Et le Brésilien, qui rejoindra Paris quelques mois plus tard, finissait par trouver la faille : un subtil ballon au-dessus du rempart parisien profitait à Sergi Roberto, entré dans le dernier quart d’heure, qui envoyait sans contrôle le cuir dans les filets d’un Trapp médusé (95e, 6-1).
 
«Une nuit de héros», «Vous êtes entrés dans la légende» : la presse espagnole manquait de superlatifs pour qualifier l’exploit. Barcelone est devenu la première équipe à se qualifier après avoir perdu le match aller 0-4 dans l’histoire de la compétition. Côté parisien, cet affront a surtout mis en lumière les limites du club qui l’empêchent d’atteindre le dernier carré de la compétition…